Feucherolles : depuis une pépinière d’entreprises des Yvelines, il relance la filière textile… à Sochaux
François Deunf dirige le Groupe sac personnalisable (GSP). Cette entreprise a grandi dans la pépinière de Feucherolles, dirigée par Olivia Allard, dans une ancienne briqueterie familiale.
Il a commencé dans sa chambre, sous les combles. Dix ans plus tard, François Deunf, 38 ans, navigue dans un bureau de 60 m² au cœur de la briqueterie de Feucherolles(Yvelines), une pépinière d’entreprises plantée au milieu des champs. Cet entrepreneur est à la tête du Groupe sac personnalisable (GSP). Depuis 2017, il a commercialisé 3 millions de sacs en coton et il en fabriquera bientôt autant chaque année. Son chiffre d’affaires est passé de 15 000 euros en 2017 à 3,6 millions en 2022.
En 2021, cinq ans après son installation à Feucherolles, le chef d’entreprise a créé une usine près de Sochaux (Doubs) et relance à son échelle la filière textile locale avec une trentaine d’employés, issus en majorité de l’insertion.
« Dans cette région au fort héritage industriel, nous avons résolu le problème du recrutement avec une innovation sociale, explique-t-il. Issus de l’économie sociale et solidaire, nos couturiers et couturières sont formés dans des chantiers et ateliers d’insertion, puis nous les embauchons. Certains sont devenus chefs d’équipe. Je suis fier de cette formule. »
Un patrimoine familial tourné vers l’économie locale
François Deunf le martèle avec conviction : si le groupe GSP a si bien grandi, c’est qu’il doit beaucoup au lieu dans lequel il a évolué : cette pépinière d’entreprises installée dans un site chargé d’histoire. Au XIXe siècle, les bâtiments ont abrité une briqueterie, puis les activités d’une famille de paysagistes et la papeterie de l’École universelle, ancêtre du Centre national d’enseignement à distance (Cned). Des centaines de milliers de supports de cours y ont vu le jour dans les années 1950.
Sur un site de 12 000 m², la pépinière abrite aujourd’hui quatre-vingts entreprises, des commerces (Le Cèdre rouge et Barbecue&Co) et un restaurant. Grâce à des investissements consentis par le conseil départemental et la communauté de communes Gally-Mauldre, les problèmes de « visibilité » des entreprises et de désserte ont été résolus.
« Ici, je me suis senti devenir une entreprise »
« C’est une avancée formidable, se félicite Olivia Allard. Lorsque je me suis lancée, la pépinière était ravitaillée par les corbeaux… Ces aménagements nous permettent d’accueillir confortablement nos entrepreneurs, tout en continuant à travailler dans un univers à taille humaine. »
La « taille humaine », justement, constitue le pivot du concept. « Ici, chaque entrepreneur ou presque est le prestataire ou le fournisseur du voisin, explique la dirigeante, qui possède quatre autres pépinières, à Paris (XVIe), à Lisbonne (Portugal), au Luxembourg et à Tunis (Tunisie). Cela crée forcément une interaction, un côté familial. »
François, le pape des sacs made in France, ne dit pas autre chose : « Le bien-être au travail, ce n’est pas un vain mot, insiste-t-il. Ici, on peut échanger avec des entrepreneurs confrontés aux mêmes problématiques, écouter les conseils, se rassurer. Il y a un état d’esprit. Dans cette pépinière, je me suis senti devenir une entreprise. »